Rajindra (19 ans) s’est acheté une conduite. Depuis un bon moment maintenant sa vie se déroule sans heurts, tant dans le foyer qu’à l’école. Il est actuellement en classe 12 à LAS, un collège népalais situé tout près du foyer SEA, où il a choisi la spécialité commerce. Il passera son examen de fin de classe 12 aux alentours de juin 2012.
Les résultats des examens de fin de classe 11 n’ont toujours pas été publiés par le gouvernement népalais.
En application des règles SEA, Rajindra sera éligible à une bourse d’études supérieures SEA s’il obtient au bac un score supérieur ou égal à 60% ; sinon, il devra quitter SEA vers la fin de l’année 2012 et commencer à travailler pour vivre.
Il est confiant qu’il aura un score supérieur à 60%.
À supposer que ce soit le cas, Rajindra ambitionnerait de décrocher un bachelor de tourisme que l’on obtient au terme de 3 ou 4 ans d’études selon l’école choisie, mais il ne se voit pas continuer de vivre dans le foyer SEA pendant plusieurs années. Ce qui se comprend aisément : à 20 ans, on a en effet envie d’avoir une certaine indépendance.
Le problème est que de l’avis de tous, il est quasiment impossible (voire impossible), pour un étudiant de trouver des petits boulots à temps partiel qui permettent de continuer des études tout en travaillant pour vivre. Comme l’a démontré Pramilla, un étudiant peut, par chance, trouver occasionnellement des cours privés à donner, mais il est impossible qu’il (ou elle) puisse en vivre, parce que les revenus sont le plus souvent irréguliers et surtout parce qu’ils sont insuffisants pour faire face aux charges de logement, nourriture et autres dépenses incompressibles.
La vie à Katmandou est très chère et l’inflation au Népal est forte (à près de 10%). La croissance économique est en berne et le chômage est élevé. Et il n’y a pas d’agence nationale pour l’emploi. Pour trouver un boulot, il faut des relations et du piston. Or, SEA n’a pas ces précieuses relations. Pramilla a la chance d’avoir une mère qui travaille et peut lui financer ses dépenses courantes mais Rajindra n’a pas cette chance.
La question est donc de savoir si SEA accepterait de lui louer une chambre et de continuer à financer chacune de ses dépenses jusqu’à ce qu’il obtienne son bachelor.
Une bien meilleure solution cependant, serait que SEA fournisse à Rajindra un travail à temps partiel contre rémunération—idéal pour éviter que ne se développe une mentalité d’assisté.
Quels besoins a donc SEA ?
SEA en fait a un besoin : comme indiqué ci-dessus, l’Association, depuis plusieurs années, souhaiterait mettre en place une nouvelle forme d’action, moins lourde, articulée autour de parrainages scolaires (ou bourses d’études) au bénéfice de quelques enfants pauvres ayant une famille.
Mais la mise en place de ce type d’action représente du travail : il faut cibler le village, identifier les familles, les enfants, et les écoles, et une fois tout ceci fait, il faut négocier avec tout le monde, puis s’assurer sur la durée que tout fonctionne selon l’accord conclu (i.e. les enfants vont bien à l’école, sont assidus au travail, sont bien traités par leur famille, par l’école, etc. etc.).
SEA n’a jamais mis en place ce type d’action faute de temps.
Alors pourquoi ne pas confier cette tâche à Rajindra ? Cela le responsabiliserait, tant vis-à-vis de lui-même que vis-à-vis de la communauté, tout en lui permettant d’avoir un salaire et de vivre de façon indépendante.
Cela permettrait aussi à SEA de mettre en place ce type d’action qui lui tient à coeur depuis longtemps.
Voilà peut-être une bonne idée mais, avant toutes choses, Rajindra doit passer son bac.
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