Les résultats du bac sont également tombés pour Pratikcha et ce fut une grosse douche froide : 47% !
47% c’est le score global obtenu par Pratikcha en fin de classe 12.
Avec un tel score, qui lui permet néanmoins d’avoir son bac, Pratikcha n’est éligible, en vertu des règles SEA, ni à une bourse d’étude supérieure en Inde (score requis de 70% ou plus) ni à une bourse d’études au Népal (score minimal de 60%).
Parrainée depuis 1998, Pratikcha avait décroché son SLC (School Leaving Certificate) avec brio, puis s’était inscrite en classe 11 à DAV, un collège indien de la vallée de Katmandou, dont elle fut expulsée en fin d’année, pour désinvolture et insuffisance de travail. Afin qu’elle puisse néanmoins terminer ses études secondaires, SEA l’avait alors inscrite à Alok Vidyashram, un autre collège indien.
Ses professeurs à Alok ne s’expliquent pas ces résultats : elle était, d’après eux, la meilleure élève de sa classe (qui comptait, il est vrai, seulement une poignée d’étudiants). C’est pourtant elle qui a eu les plus mauvaises notes.
Pratikcha explique ce piètre résultat par les angoisses et la déstabilisation nées de la recherche de son père.
Son père les avait abandonnées, elle, sa mère et sa petite sœur, quand elle était encore toute petite. Elle n’avait aucun souvenir de lui et n’avait pas la moindre idée d’où il pouvait être. Mais voilà, pour s’inscrire dans une université indienne (comme elle en avait l’intention), il faut des papiers d’identité et un passeport, et pour avoir des papiers d’identité et un passeport au Népal il faut que le père reconnaisse son enfant auprès des autorités publiques. Sans son père Pratikcha ne pouvait pas avoir de papiers d’identité et ne pouvait donc pas étudier en Inde.
Commence alors, quelques semaines avant les épreuves du bac, une recherche effrénée de son père, une recherche qui se poursuit tout au long de ses examens et qui la perturbe profondément, mais une recherche couronnée de succès puisque son père a finalement pu être localisé et contacté.
Il y a bien longtemps maintenant, son père s’est (re) marié au Népal, et comme de nombreux Népalais, il a dû émigrer pour trouver un travail ; il travaille aujourd’hui en Arabie saoudite. C’est (de façon presque inattendue) beaucoup d’attentions que Pratikcha a reçu de la part de son père lorsqu’elle lui a téléphoné. Celui-ci, très rapidement, a décidé de demander une autorisation d’absence à son employeur de façon à pouvoir revenir au Népal et effectuer toutes les démarches nécessaires à l’obtention des papiers d’identité de sa fille.
Aujourd’hui, Pratikcha a retrouvé son père et a des papiers d’identité, mais ses notes au bac la disqualifient pour l’obtention d’une bourse d’études supérieure SEA.
Les règles SEA sont claires : en cas de résultat au bac inférieur à 60%, l’étudiant doit alors travailler pour devenir rapidement financièrement autonome (au terme éventuellement d’une formation professionnelle courte, de 3 à 6 mois, financée par SEA) et quitter SEA.
Son père a accepté de la soutenir financièrement durant ses études supérieures au Népal auxquelles elle ne peut se résoudre à renoncer. Et elle vit désormais avec la famille de son père tout en restant très proche de sa mère. Nous sommes très heureux de voir, après quelques 15 années, cette famille enfin réunie.
Votre commentaire