Faits marquants de l’année 2018/2019
Vous trouverez ci-dessous un extrait des faits marquants de l’année scolaire 2018-2019.
Pour plus de détails, le texte intégral du Rapport Moral figure au bas de cette page.
a) Deux de nos jeunes ont obtenu leur SEE (1) en 2018
A la fin de leur classe 10, équivalent de la 2nde, Pramila (19 ans) et Sudeep (18 ans) ont obtenu leur SEE en avril 2018 avec de bonnes notes, respectivement un B+ et un A, très supérieures à leurs moyennes habituelles.
Pramila, janvier 2018 Sudeep, mai 2018
Une fois son SEE passé et l’année scolaire terminée, Pramila a choisi de prendre ses distances vis-à-vis de SEA pour décider de la suite de sa vie. Il semblerait qu’elle réside avec une amie en attendant le retour de l’étranger d’une de ses sœurs pour s’installer avec elle. SEA n’a pas plus de nouvelles d’elle. Originaire de Dhading, elle était parrainée par SEA depuis 2013. Le parrainage s’est donc arrêté de facto.
(1) Le SEE (Secondary Education Examination), anciennement SLC (School Leaving Certificate), est l’examen final du cycle secondaire inférieur du Népal. Il est indispensable pour rejoindre l’enseignement secondaire supérieur ou « college » (équivalent de la 1ère et Terminale), puis éventuellement l’université.
b) Une ONG vient en appui de SEA dans la prise en charge d’Aruna (13 ans)
En mai 2018, Aruna nous a révélé les violences qu’elle subissait depuis des années de la part de son frère aîné. S’en est ensuivie une période très délicate : sa famille s’est rangée derrière le frère aîné pour nier les violences subies par Aruna ; elle a alors refusé catégoriquement de revenir dans sa famille, réaffirmant sa volonté de rester à HCA durant l’année scolaire et dans le Foyer SEA durant les vacances ; la famille, éperonnée par le frère aîné, s’est ensuite retournée contre nous pour nous accuser de kidnapping d’enfant et nous menacer de poursuites judiciaires.
Grâce à Pratikshya, nous sommes entrés en contact avec une association népalaise de protection à l’enfance (Voice of Children, VoC), spécialisée dans la lutte contre les violences familiales. VoC nous a proposé de devenir le représentant légal d’Aruna. Grâce à l’intervention de cette ONG, SEA n’a plus
aucune responsabilité légale vis-à-vis d’Aruna et donc aucun risque que sa famille (avec qui elle n’a plus aucun contact) se retourne contre nous pour une raison ou pour une autre. VoC a informé la famille qu’Aruna ne souhaitait plus les revoir et que toute communication avec elle ne pourrait dorénavant se faire que par leur intermédiaire et en leur présence. VoC a accepté qu’Aruna continue d’étudier à HCA, ets’est proposé de payer ses frais de scolarité pendant deux ans. Tous ses autres frais restent couverts par SEA.
Autre point d’inquiétude majeure : que la famille vienne récupérer Aruna à HCA (la hantise de celle-ci), mais le Directeur de l’école nous a assuré qu’il allait mettre tout en œuvre pour garantir sa sécurité totale à la fois dans le pensionnat et à l’école. De fait, aucun incident n’a eu lieu jusqu’ici. Durant les vacances scolaires, Aruna réside dans le Foyer SEA. Aucun des membres de la famille n’est revenu ni à HCA ni dans le Foyer.
Aruna est une enfant solaire, qui continue d’afficher son merveilleux sourire. Elle est curieuse de tout et excelle à l’école.
Aruna, octobre 2018
c) Sneha ou la famille à la rescousse !
Parrainée depuis 2007, Sneha a aujourd’hui 16 ans et est en classe 10. Elle passera le SEE en avril 2019. Elle vient d’une famille de 15 enfants, dont 7 sont encore en vie, tous plus âgés qu’elle. Ses parents, âgés, pauvres, malades et alcooliques étaient (et sont toujours) incapables de s’en occuper. D’où sa prise en charge par SEA.
Sneha est restée toujours très proche de sa grande sœur, Menuka, aujourd’hui mariée. Jusqu’à une date très récente, sa sœur avait toujours affirmé son incapacité totale à subvenir aux besoins de Sneha, ne serait-ce que pour lui acheter une paire de chaussures.
Sneha, Pratikshya et Sandesh, mai 2018
Sneha est une adolescente extrêmement affectueuse et attachante. A l’école, cependant, elle n’a jamais réussi à s’épanouir : les études ne l’intéressent pas. Prenant acte de son manque d’investissement dans ses études, nous lui avons proposé de suivre une éducation professionnelle de 3 ans, type infirmière, après le SEE, plutôt que de s’orienter vers le cursus d’enseignement général, à savoir une 1ère et terminale (classes 11 et 12), qui, en principe, débouche sur des études de licence (Bachelor), voire plus.
Le problème, c’est que Sneha voulait faire des études supérieures. Son but : continuer à ne rien faire à l’école tout en faisant des études supérieures !
Et là, surprise, qui voyons-nous débarquer dans le Foyer SEA ? Sa sœur, Menuka, accompagnée de son mari, un homme d’affaires aisé qui a sa propre entreprise à Dubaï !!! Et c’est ainsi que nous apprenons que cet homme qui est riche aide déjà la famille de Sneha et est tout prêt à financer des études supérieures à Sneha une fois qu’elle aura décroché le SEE !
Une fois son SEE passé, Sneha va donc s’installer chez sa sœur et son beau-frère qui prendront en charge ses études supérieures, ainsi que tous ses frais de subsistance. Son parrainage SEA s’arrêtera donc en avril 2019.
d) Anjali, l’escalade de la crise
Parrainée depuis 2012, Anjali, (16 ans, en classe 9, c’est-à-dire en 3ème) a connu une année chaotique, qui s’est inscrite dans un long processus de troubles psychiques grandissants, accompagnés d’une agressivité croissante.
Nous avons toujours connu Anjali réservée, parfois mutique, mais les choses ont dégénéré en crises incontrôlables plus récemment. Peu après son transfert d’AJS à HCA, la Direction de l’école nous a fait part, fin octobre 2017, de ses vives inquiétudes : après avoir refusé d’accéder à la demande d’Anjali de repartir chez sa mère alors que les cours avaient repris, celle-ci s’est enfermée dans le mutisme, refusant de prendre ses repas et multipliant les crises de larmes. Elle est allée jusqu’à se taillader les poignets.
Après une accalmie de quelques semaines, elle a été prise en flagrant délit de consommation abusive d’antalgiques et de cigarettes, entraînant avec elle d’autres élèves. Puis, elle a fugué pour aller chez sa mère.
En janvier 2019, malgré son engagement à ne pas recommencer, elle a de nouveau été trouvée en train de fumer. Sermonnée par la Direction de l’école, elle s’est de nouveau tailladée les veines, avant de fuguer pour retourner chez sa mère. Convoquées, elle, sa mère et Tara, par la Direction de l’école, Anjali a réaffirmé sa volonté de ne plus loger au pensionnat. Très inquiet de la tournure que prenaient les choses, le Directeur de l’école n’a plus souhaité garder Anjali dans le pensionnat, l’a suspendue de l’école pour une semaine, et l’a renvoyée chez sa mère. SEA l’a donc transférée en étudiante de jour.
Anjali, oct 2018
Il a été impossible d’obtenir d’Anjali une quelconque explication à son comportement, car elle est restée mutique. Tara a réussi à la convaincue de voir un médecin, et l’a régulièrement amenée à l’hôpital consulter un psychiatre ; celui-ci lui a parlé en privé, lui a donné des médicaments et, en principe, devait continuer à la suivre.
Mais en février, elle a fugué de chez sa mère pour rejoindre Bikram, 20 ans (ex-SEA). Sa mère a immédiatement porté plainte contre Bikram. Quand celui-ci a été informé du dépôt de plainte, ils étaient déjà à la frontière Indo-népalaise. Ils ont alors rebroussé chemin, et Anjali est revenue vivre chez sa mère, reprenant les cours à HCA.
Début mars, nouvel épisode : son professeur l’a trouvée en classe avec une quantité importante d’argent (sa sœur, qui travaille comme prostituée, lui en donne beaucoup), en violation flagrante des règles de l’école ; le professeur a saisi l’argent, lui demandant de faire venir sa mère à l’école afin de le lui remettre. Anjali a alors explosé de colère : elle lui a jeté les billets qu’elle avait encore dans ses poches à la figure, en hurlant qu’il pouvait avoir plus d’argent encore s’il en avait besoin, avant de déchirer ses cahiers et de quitter la classe en trombe sans que son professeur ne puisse faire quoi que ce soit pour l’en empêcher. Arrivée au portail de l’école, elle a bousculé le garde qui tentait de l’empêcher de sortir avant de décamper rapidement. Elle a de nouveau été suspendue de l’école pour une semaine.
SEA a décidé d’arrêter ce parrainage à la fin de l’année scolaire 2018-19, c’est-à-dire en avril. Si son environnement familial lui est probablement préjudiciable, l’association n’a plus aucune prise sur Anjali.
e) Déménagement de Nima
Fin 2018, Nima a déménagé dans une chambre en colocation avec un camarade de classe pour se rapprocher de son université, économisant ainsi du temps de travail et des coûts de transport. C’est aussi, et sans doute surtout, le meilleur vecteur pour véritablement s’autonomiser. Nima est ravi !
Nima et son coloc Nikesh (jan 2019)
Il reste cependant très disponible pour le Foyer, qu’il visite régulièrement. C’est toujours lui qui est l’intermédiaire privilégié entre Tara et le Bureau SEA pour nombre de communications, y compris le relevé mensuel des comptes de l’association.
f) Pratikshya décroche une bourse d’études supérieure SEA !
Pratikshya s’apprête à reprendre ses études pour suivre un Master (Bac+6) en 2 ans en Relations Internationales à Christ University, à Bangalore, une des universités les plus cotées d’Inde. Sa marraine s’est engagée à financer son Master. A noter la belle performance de négociation de Pratikshya qui, au terme d’un entretien, a non seulement réussi haut la main son examen de sélection par le responsable des programmes de Masters pour étudiants étrangers mais l’a, en plus, convaincu de lui accorder un rabais de 50% ! On comprend ainsi aisément que Pratikshya ait convaincu tout le monde à SEA de lui donner cette chance de booster de manière décisive son CV.
Pratikshya a près de 3 ans d’expérience professionnelle. Après avoir décroché sa licence en sciences sociale du Reliance College, elle a travaillé comme professeur d’anglais pour Teach For Nepal. Son contrat de 2 ans pour Teach for Nepal s’étant achevé en avril 2018, elle a trouvé un CDD (6 mois, prolongé par la suite de 2 mois) au sein du Risk Management Office (RMO), une entreprise conjointe entre plusieurs organisations, dont le Department for International Development (DFID) du Népal et leGeselleschaft fur Internationale Zusammenarbeit (GIZ) allemand.
Tout au long de ces dernières années, Pratikshya a apporté tout son soutien aux programmes SEA, se rendant toujours disponible pour aider ou conseiller en toutes circonstances. Par exemple, c’est elle qui, depuis mi-2017, s’occupe de Samjhana T, 15 ans, après que celle-ci a fugué plusieurs fois des internats d’AJS et de HCA. Tous les enfants l’adorent, et quand on leur demande qui est la personne la plus proche d’eux, c’est toujours Pratikshya qui est citée.

Pratikshya, mai 2018
g) Jyoti, une volonté d’acier
Après deux années passées à travailler d’arrache-pied comme Assistante Clientèle chez Cognizant Co à Bangalore, Jyoti a quitté son job en janvier 2018 pour revenir au Népal avec la ferme intention de tout mettre en œuvre (passer le GMAT, essayer d’obtenir un financement, etc.) pour faire un Master à l’étranger. Sa tante, devenue une célébrité locale en tant que chanteuse, s’est engagée à la soutenir financièrement.

Anand, Jyoti et Shree, 2018
Son projet est aujourd’hui bien avancé : elle a été sélectionnée par l’université australienne de Southern Queensland à Toowoomba City (près de Brisbane) pour un Master en Comptabilité, qu’elle commencera en juillet 2019. Si elle n’a pas obtenu de bourse du gouvernement népalais, elle a, en revanche, réussi à négocier un emprunt bancaire. Et en attendant de s’envoler pour l’Australie, elle travaille à Jamboree Education First Consultant, une franchise indienne, comme consultante à plein-temps. Elle a mis un point d’honneur à ne pas nous solliciter financièrement.
Jyoti est un bel exemple de travail acharné, de ténacité, d’émancipation et de capitalisation sur les possibilités offertes par l’éducation. SEA offre l’éducation ; après, chacun est libre d’en tirer parti, ou pas.
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